Comment tisser des relations avec les plantes
En accord avec une vision du monde animiste - Quelques pistes conceptuelles et pratiques dans cet article de 2021
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Kaixo ! Ici Karlota Arba Strega. Dans Le Pied Gauche d’Orion j’écris sur mes réflexions, recherches et expériences personnelles autour de l’animisme et la sorcellerie. Mon but est de réenchenter ta vision du monde et t’ouvrir à des nouvelles façons de voir les forces invisibles qui nous entourent. Si tu apprécies mon travail, abonne-toi gratuitement à ma newsletter, tu auras accès à tous mes écrits depuis 2017 !
Comme je vous avais dit lors du premier extrait de cet article, souvent, les livres sur la magie verte omettent complètement l’aspect de re-conceptualisation de notre vision du monde à la manière animiste, à la fin du mythe de la séparation de la culture (les Hommes civilisés) et de la nature (éternellement Autre, le monde Sauvage) se concentrant bien plus souvent sur des machinations complexes sous formes de correspondances, règles morales, timings clefs, rituels de cueillette etc. Est-ce que tout ceci est inutile pour autant ? Non, pas du tout, mais disons que c’est incomplet et dans le sens (à mon avis) inverse de comment il faudrait procéder.
Attention, il ne s'agit là que de ma vision des choses, beaucoup d’entre vous avez surement une pratique établie qui passe au dessus de toutes ces réflexions et conceptualisations complexes, et c’est très bien, j’essaie juste de vous transmettre ce que j’ai pu apprendre par le passé.
Première étape : Comprendre son environnement.
On ne peut s’intéresser à la magie verte sans s’intéresser à la botanique, à la géographie, à la biologie, (un minimum) etc. Je sais. Je sais… C’est très chiant. Je suis moi même en plein dedans avec mes études en ethnobotanique et disons que la partie botanique est celle qui m’intéresse le moins. Néanmoins ! Savoir comment reconnaître les plantes, ce qui pousse à côté de chez nous, quand pourquoi, comment, est déjà, en soit, une manière de dévotion. On montre notre amour et notre intérêt pour un territoire, pas seulement pour se l’approprier, mais aussi pour savoir comment en prendre soin ! Mais comment faire ? Par où commencer ? Petit à petit et sans se stresser surtout, ne pas oublier que c’est un apprentissage d’une vie, que le but n’est pas l’arrivée mais le cheminement. Essayez de trouver des livres de votre flore locale, participer à des balades botaniques de votre coin, regardez s' il y a un conservatoire botanique de la région qui organise des colloques, des conférences etc. Intéressez-vous à l’histoire du rapport entre les Hommes et le Végétal dans la région : Des livres d’ethnobotanique, de médecine populaire, mais aussi ce que l’on trouvera dans les contes et légendes, les arbres, plantes, amulettes cités ou utilisées dans ceux-ci.
Deuxième étape : À la rencontre de l’invisible.
Une fois (ou pendant d’ailleurs) que vous aurez quelques infos intéressantes, allez à la rencontre de la nature, pas forcément pour trouver telle ou telle plante (le plus probable c’est qu’elles se présentent à vous de toutes façons) mais comme je vous disais dans l’article “l’importance du territoire” pour ÊTRE ENSEMBLE tout simplement. Pratiquez la marche consciente, la méditation, chantez pour le lieu, jouez, explorez, émerveillez vous en conscience, observez les cours d’eau, les feuillages des arbres, les oiseaux, tous les habitants de ce lieu et COMPRENEZ que vous en faites partie aussi. Mélangez - vous aux énergies du lieu ! Et surtout faites ceci le plus souvent possible, que ça devienne une habitude, que vous fassiez autant partie du paysage que n’importe quel autre animal ou végétal du lieu (devenez amis). Normalement, à ce stade, des petits signes vous montreront probablement que vous êtes sur le bon chemin, ou qu’on apprécie votre présence (ou pas, dans ce cas, n’insistez pas et trouvez d’autres coins).
Troisième étape : Interaction.
Si vous voulez en apprendre plus sur chaque végétal spécifiquement (ou sur un seul) , il va falloir ritualiser la chose. Il va falloir se mettre sérieusement à tenter la communication végétale, puis recommencer le processus d’étude sur une plante en particulier. Passer du temps avec, méditer dessus, lui laisser des offrandes, et attendre des réponses de sa part aussi. Beaucoup de fois on oublie d’écouter. Pour cueillir une plante pour ses propriétés magiques (si c’est dans un but culinaire vous n’avez pas besoin de grande pompe, remercier suffira), vous devez d’abord comprendre pour quelle raison vous voulez la cueillir :
Pour faire un rituel (bénéfice personnel/aider quelqu’un d’autre ?)
Pour en apprendre plus sur elle et tisser une relation ( faut-il la cueillir absolument - pour faire une amulette, une essence de fleur par ex - )
La raison pour laquelle vous voulez interagir avec celle-ci est souvent une correspondance donnée :
Plante qui sert à…. Plante Saturnienne, Plante d’Hécate etc… Réfléchissez à cette correspondance et comprenez son contexte, dans beaucoup de cas, elle est issue soit de la gnose personnelle d’un.e auteur.ice, soit d’un contexte culturel et historique (cela vous correspond t’il vraiment du coup? ou est-ce qu’il ne faudrait pas lui demander directement comment vous pouvez travailler ensemble, et surtout, si c’est possible ?)
Si c’est l’influence planétaire qui vous intéresse, alors respectez-là, cueillez-là en son jour et heure planétaire, et si possible dans la phase lunaire et planétaire bénéfique.
Quatrième étape : Transformations.
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Le fameux rituel de cueillette d’une plante magique ! Vous en avez du croiser des bien compliqués et bien différents dans vos recherches… Il faudrait utiliser une faucille en argent, en os, en kriptonite, mettre un linge blanc par terre, ne pas toucher avec ses mains, tourner cinq fois autour dans les sens inverse des aiguilles d’une montre. Invoquer Osiris, puis nos grands parents etc etc. No offense. Mais il y a une raison pour laquelle toutes ces informations ne fassent pas sens et soient toutes différentes :
Croyances personnelles et religieuses de l’auteur.ice : Cette personne est elle Helleniste, Druide, Cabbaliste Hermetique, Curandero.a ... ?
Quelle relation entretient ielle avec son territoire et l’esprit des plantes ? Une relation utilitariste, animiste, de domination, de soumission, d’amour, d’envie, tout en même temps ?
Quel est son contexte culturel, son âge, ses maîtres, etc etc
Tout ceci façonne sa vision du monde et donc la façon dont elle va ritualiser ses actes magiques. Le fait que cette personne (hypothétique) dise dans son bouquin il faut faire ceci et surtout pas ça ne s’applique pas forcément à vous.
SURTOUT si vous avez déjà une relation de tissée avec la plante en question.
On peut faire ce que l’on veut du coup?
Oui et non. Oui, car de façon ultime, vous êtes libres de vos choix et seulement vous savez ce qui est bon pour vous. Et non, car un certain (mais simple) cadre est important à respecter dans ces interactions de cueillette magique, mais ce sont des choses qui vont de soit , et qui font sens assez rapidement si on s’intéresse au sujet :
Être sur.es que la plante est d’accord et veut travailler avec nous (si c’est non, vous allez forcément le savoir)
Ne pas prendre la totalité de la plante, et si vous avez besoin de la racine, faire une bouture et en replanter une un jour si possible.
En général, que ce soit l’arrosage ou la cueillette en plein cagnard stresse les plantes.
Le faire avec amour et laisser quelque chose en retour (l’offrande est personnelle, elle peut être aussi de l’ordre du pacte avec la plante - des choses à faire dans sa vie ou sur le lieu par exemple)
Verbaliser sa gratitude ou son intention, avant et après. Sous forme d’incantation par exemple, mais un “tu gères poto, merci” en vrai, ça marche aussi, surtout si vous êtes COPAIN.ES !
Bref, vous l’aurez compris, ce sont des choses qui relèvent du sens commun de politesse plutôt que d’un protocole complexe, après, vous pouvez créer votre propre rituel, ou en suivre un complexe car cela vous rassure et vous préférez. Il n’y a ni obligations, ni injonctions, juste une certaine compréhension de la complexité de ces rapports que nous pouvons entretenir à prendre en compte, pour une pratique en conscience.
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